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Des choix stratégiques et économiques douteux

Publié le 3 Décembre 2014 par lajeunessedjiboutienne

Djibouti est un pays riche. Une richesse qu'il ne doit pas à son sol, avare en ressources, mais à sa seule position géographique. Carrefour commercial de choix, à la croisée de l'Europe, de l'Afrique et de la péninsule arabique, le port de Djibouti est prisé par un certain nombre de compagnies pétrolières. Pour profiter de cet emplacement stratégique, mieux vaut cependant être dans les petits papiers du pouvoir.

La France s'y trouvait encore il y a peu. Ancienne colonisatrice, elle conserve après la prise d'indépendance de Djibouti de bons rapports avec le pays, jusqu'au 17 mai 2005, date à laquelle une magistrate, en charge du dossier sur l'assassinat du juge Borrel à Djibouti en 1995, profite d'un passage à Paris d'IOG pour demander à l'entendre. Soupçonné de ne pas être étranger à toute cette affaire, le président djiboutien ne se rendra pas à la convocation. Quelque chose s'est brisé ce jour-là entre la France et Djibouti. IOG ne pardonnera jamais à Paris ce qu'il considère comme un affront.

Le cas de Total le dit assez. Condamnées en 2011 pour des faits de pollution remontant à 1997, deux filiales du groupe écopent de 2 millions d'euros d'amende chacune, et de 100 millions d'euros de dommages et intérêts. Une amende à retardement record, d'autant qu'il ne resterait "que des traces résiduelles de cette pollution", Total ayant fait le nécessaire pour nettoyer le port. De quoi écoeurer l'entreprise pétrolière, qui menace de quitter le pays toutes affaires cessantes, avant de finir par plier les gaules pour de bon, Djibouti ne manifestant aucun envie de trouver une solution diplomatique au problème.

Si cet exemple peut sans doute être mis sur le compte de la crispation

des relations franco-djiboutiennes, une autre grille de lecture est possible. Depuis quelque temps, Djibouti semble faire des appels du pied à la Chine, délaissant (détricotant?) ses relations économiques avec ses autres partenaires.

Ainsi, en juillet dernier, Djibouti entamait une procédure de résiliation du contrat de concession du terminal à conteneurs de Doraleh passé avec l'entreprise émirienne DP Worldau motif que cette dernière aurait obtenu ce contrat en arrosant allègrement un certain Abdourahman Borreh, ancien président de l'Autorité des ports et zones franches de Djibouti et... cousin de Guelleh. Ce dernier aurait détourné plus de 150 millions de dollars dans le cadre de ses fonctions. Un peu gros, surtout quand on sait que le "scandale" DP World a éclaté juste après que Borreh a émis son agacement de voir Guelleh briguer un troisième mandat, se positionnant de facto comme un concurrent potentiel. D'une pierre deux coups, IOG aurait donc écarté un membre de sa famille et un groupe devenus gênants. Pour, d'emblée, proposer la concession vacante à la Chine.

Le traitement de faveur accordé à l'empire du Milieu se remarque aussi sur le plan militaire. La France débourse chaque année la somme de 30 millions d'euros pour assurer la présence d'une garnison de 2700 hommes dans la cité-Etat. Elle n'est pas la seule. Etats-Unis et Japon payent chacun un loyer annuel de 30 millions de dollars pour leurs bases respectives. La Chine, elle, rien. Djibouti vient de lui offrir des installations flambant neuves en échange d'une simple "coopération militaire".

Que l'administration Guelleh préfère négocier avec tel partenaire plutôt qu'un autre, à la limite, ça la regarde. Djibouti est un Etat souverain. Qu'elle souffle le chaud et le froid en tançant aujourd'hui ses amis d'hier, c'est déjà un peu plus limite. Ça a le don d'irriter tout le monde, d'entrainer une désaffection des investisseurs et, au final, un appauvrissement de la population. Bref, IOG agit ici contre l'intérêt général. Mais est-ce vraiment si surprenant?

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